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Enfants de Still

Les progrès obtenus avec la publication des décrets du 12 décembre 2014, notamment sur le plan du cursus des études et de l'agrément des écoles ne suffisent pas à relâcher la vigilance. La supplique de Still avant sa mort reste totalement d'actualité : Keep it pure Boys, keep it pure.

Point sur le i : un commentaire commenté.

Le point sur le i de l'ostéopathie a suscité un nouveau commentaire qu'il m'a semblé à son tour nécessaire de commenter.
C'est donc ce "commentaire commenté" que je vous propose.
Le texte cidessous reproduit le commentaire et mes annotations dans ce commentaire.
En noir : S.Berthet MKDE-ostéopathe
En italique couleur AA ostéopathe.

Monsieur,

Je vous remercie pour votre réponse qui m’éclaircit effectivement sur le sens de votre démarche.

Monsieur,

 Tout d’abord j’ai la satisfaction de voir que vous avez bien compris le sens de ma démarche.

Ma préoccupation est bien, avant toute chose, celle de l’ostéopathie. Au point où j’en suis de mon activité professionnelle, je ne me sens pas, à titre personnel, particulièrement menacé par l’évolution négative de la situation de l’ostéopathie en France. Mais par contre, je suis atterré du gâchis potentiel, ou déjà effectif, causé par le ‘n’importe quoi’ des décrets de 2007. Ce n'importe quoi à permis, en particulier dans le domaine de la formation, tous les excès imaginables, dont une prolifération des écoles à partir des décrets, sans doute plus mercantiles les unes que les autres. Il y a déjà bon nombre d’années, j’ai compris que le plus gros problème de l’ostéopathie, était paradoxalement constitué par …les  ostéopathes. Ou en tout cas, par certains d’entre eux.

En même temps, c’est par les ostéopathes que l’ostéopathie peut manifester ses merveilles.

      En préambule, je tiens à saluer votre engagement pour votre participation au développement et à la reconnaissance de l’ostéopathie en France, ainsi que votre courage qui vous a permis de vous affirmer en tant qu’ostéopathe dans une période (les années 80 j’imagine) qui devait être bien particulière.

C’était une période exaltante.

 A mon tour de me présenter : M.K.D.E, j’ai suivi un cursus d’ostéopathie à la MTM (anciennement MTA) où j’ai obtenu mon diplôme d’ostéopathe en juin dernier à l’âge de 33 ans. Je suis à l’heure actuelle moniteur au sein de la MTM et j’espère pouvoir enseigner l’ostéopathie d’ici quelques temps, quand mes compétences me le permettront (peu importe que les étudiants aient un « pré requis » ou non).

A cet endroit de votre réponse, il me semble qu’il y a contradiction avec ce qui suis.

      J’ai auparavant fortement milité au sein d’une fédération de syndicats de kinés pour obtenir la création d’un syndicat autonome d’ostéopathes-M.K.D.E. Face au refus et à l’immobilisme de cette fédération, j’ai préféré arrêter de dépenser mon énergie inutilement et j’ai démissionné de mes fonctions.

Vous ne dites pas si, dans votre esprit, ce syndicat aurait abrité des MKDE exerçant exclusivement l’ostéopathie. D’autre part, il ne faut pas attendre de la part d'un syndicat en général, qu'il défende autre chose que des intérêts sociaux et/ou pécuniaires. Par conséquent, ils enjambent assez facilement les questions concernant l’éthique. Or il me semble que cette question ne peut échapper au filtre de l’éthique.

Aujourd’hui, j’ai un exercice « mixte » et j’essaye tant bien que mal de développer mon activité d’ostéopathe, avec l’espoir de pratiquer exclusivement l’ostéopathie dans un avenir plus ou moins proche. Je suis également conseiller départemental de l’ordre des MK dans mon département d’exercice.

Cette appartenance me paraît difficile à concilier avec une pratique exclusive de l’ostéopathie  vers laquelle vous dites souhaiter vous diriger, à moins que, les intentions de l’ordre ne soient, dans un avenir plus ou moins proche, d’annexer purement et simplement l’ostéopathie. 

 

Pour commencer, je vais répondre aux questions que vous me posez :

 

Du haut de mes 34 ans, je ne me permettrai pas d’avancer une définition de l’ostéopathie différente de celles qui lui ont déjà été données. En revanche, si je devais résumer l’ostéopathie en une citation, ce serait sans hésiter celle de R. Becker «seuls les tissus savent».

C’est le défunt Jacques Andreva-Duval DO, qui fait dire à Rollin Becker cette petite phrase : restituée de façon différente mais dont le sens reste que : « la vérité est dans les tissus ». Comment dire autre chose, quand on a un minimum d'expérience ?

 

 

« cette schizophrénie socio-professionnelle est-elle confortable pour vous ? Ayant deux mains comme c’est probable, en avez-vous une pour l’ostéopathie et une pur la kinésithérapie ?»

Je suis passionné par l’ostéopathie et je rêve d’exercer l’ostéopathie « à temps plein ». Seulement, mon contexte économique ne me permet pas d’abandonner du jour au lendemain mon activité de kiné. En ce sens, ne pouvant vivre exclusivement de ma passion aujourd’hui, je vous l’accorde, ma situation pourrait être plus confortable. J’espère qu’elle le sera plus à l’avenir. En revanche, je ne pense pas « avoir le cul entre deux chaises », comme le dit l’expression. Quand je reçois un patient pour une consultation en ostéopathie, je suis ostéopathe et MKDE. Quand je reçois un patient en séance de kinésithérapie, je suis là encore ostéopathe et MKDE. Comme un musicien, j’ai plusieurs cordes à mon arc, ces cordes étant souvent complémentaires mais bien distinctes. Cette complémentarité est sans doute à la source d’une certaine ambiguïté ressentie par certains patients.

Je suis d’accord avec vous sur cette ambiguïté. Elle est évidente. Les patients n’ayant pas une expérience ancienne de l’ostéopathie ne savent plus très bien quoi comprendre. A la limite, ça ne les surprend malheureusement pas toujours et, il ne sont amenés à s'interroger d'avantage que si leur traitement est un ratage manifeste, ce qui n'est pas si rare. Mais ne croyez vous pas que c’est justement sur cette ambiguïté, que comptent les responsables de la kinésithérapie ?

 

 Je peux les comprendre. Mais en leur expliquant simplement la différence entre les deux disciplines, ils comprennent sans problème.
Alors si vous y parvenez, vous êtes très fort ! et très disponible aussi, pour prendre autant de temps pour la pédagogie.

En revanche, certains confrères utilisent cette ambiguïté sans complexe pour remplir leur portefeuille, nourrir leur orgueil ou dissimuler leur incompétence. Ceux-là sont impardonnables. Ceux-là, ce sont les kinés dont vous parlez qui « permettent » un remboursement de l’ostéopathie sous couvert d’actes de kinésithérapie, mais ce sont aussi de plus en plus d’ostéopathes sans pré requis morts de faim et/ou incompétent qui proposent des actes de massage et de rééducation sans aucune formation.
Mais là, vous ne dites pas comment ceux-là font rembourser leur prestation.

J’ose espérer qu’ils sont voués à disparaître. 
Si ce phénomène existe réellement, je souhaite qu’il disparaisse également. Mais je parle du phénomène. Si des jeunes diplômés sont appelés à se perdre dans ce genre de pratique c’est vers leur formation qu’il faut se tourner et vers la nécessité d'un trop hypothétique numérus clausus.

Il s’agit là d’une des fonctions du conseil de l’ordre des M.K. Peut-être qu’un jour les ASP d’ostéopathes exclusifs s’associeront à ce combat en essayant de faire le ménage de « leur côté » ?
Il faudrait pour cela, disposer d'une profession au sens administratif du terme. Et vous savez bien que , "grâce" à ces fameux décrets, ce n'est pas le cas.

 

Revenons-en, si vous avez encore le courage de me lire, à l’avenir.

Je crois que nous avons tous les deux un point commun : notre inquiétude pour l’avenir de l’ostéopathie en France suite au décrets et arrêtés de mars 2007. 

C'est vrai, mais je voudrais être sûr que nous parlons vraiment de la même chose.

 

Je pense qu’il est donc grand temps d’oublier les rancoeurs du passé qui ne sont source que d’un débat stérile et d’une « guéguerre » destructrice pour l’ostéopathie.

Les décrets ont reconnu le droit de pratiquer l’ostéopathie a plusieurs « profession » les médecins, les M.K.D.E et les ostéopathes exclusifs (convenez que c'était la moindre des choses). Quoi qu’on en dise, cette disposition est logique et toute autre disposition serait allée à l’encontre de l’histoire du développement de l’ostéopathie en France.

Non, cette disposition n’est pas logique, elle est politique et pas du meilleur cru. Signée Xavier Bertrand, un peu pressé à l'époque, de passer à autre chose, elle n’a que la préoccupation de tenter de satisfaire les plus nombreux parmi les parties prenantes, et ceci, le croirez vous, à des fins purement électorales.  Elle n’a pas réussi non plus puisque MKDE et médecins,  alliés pour la circonstance, voulaient tout.

Ces textes sont loin d’être parfaits, certes, et ne contentent personne. Mais ils sont loin d’être figés. La preuve en est la modification de la loi de 2002 par la loi HPST 2009. Je pense juste que les ASP d’exclusifs ne vont pas dans le bon sens. Élever la durée des études est bien évidemment une bonne chose, mais il faut tenir compte de la spécificité de chacun. La loi HPST ne distingue pas les kinés, les médecins et les exclusifs ce qui est absurde.
C’est peut-être le cheminement inconscient vers l’évidence de la nécessité d’une véritable profession pour laquelle les études devraient être unifiées.

Les ASP d’exclusifs espèrent ainsi que l’ostéopathie devienne ainsi une profession à part entière.
Bien sûr ! Et c’est la seule façon de la réglementer véritablement.

Cet espoir est noble mais le raisonnement utilisé est incohérent. Ce n’est sûrement pas en essayant d’écraser les autres qu’on devient plus fort.
Dois-je comprendre ici qu’il y aurait une forme de complexe d’infériorité chez certains ? C’est en tout cas ce que j’entends. Et ça me semble justifié si l’ostéopathie des uns n’est pas comparable à l’ostéopathie des autres. Il faut bien réaliser qu'il n'y a pas plusieurs pensées chez Still et ses disciples les plus proches.

Je pense qu’il est grand temps de passer à autre chose et que tous les acteurs du POF se réunissent autour d’une même table pour préparer ensemble l’avenir de l’ostéopathie plutôt que de se tirer dans les pattes sans même savoir pourquoi. Seulement j’ai bien peur que les égos nourris par les rancoeurs du passé ne les en empêchent.
Là, vous voyez très clair. Cet aspect des relations humaines est constant. Il faudrait pouvoir faire intervenir assez  de conscience  éthique pour que soit mis en avant, autrement que par des formules de convenance, l’intérêt des patients. Et là, je suis pessimiste « comme tout optimiste qui a de l’expérience ».

La réglementation actuelle fait le bonheur de certains directeurs d’école crapuleux qui font espérer un avenir doré à de plus en plus d’étudiants en échanges de plusieurs dizaines de milliers d’euros, surfant sur la vague de la « mode ostéopathie ». Dans ma ville comme dans beaucoup d’endroits en France, les plaques fleurissent et fanent souvent aussitôt. Nous voyons de plus en plus de jeunes ostéopathes sans pré requis devenir livreur de pizza, coursiers, … pour vivre, et qui crient victoire quand ils ont deux consultations dans la semaine. Ces ostéopathes d’un nouveau genre inondent les boîtes aux lettres de publicité sans la moindre éthique et en concurrence déloyale envers les « professionnels de santé » qui n’en n’ont pas la possibilité à cause de leur code de déontologie. Les ostéopathes M.K.D.E ont également de plus en plus de difficultés à se créer une clientèle/patientèle en ostéopathie même s’ils ont la chance de manger à leur faim grâce à la kinésithérapie.

Alors là, permettez moi de m’en réjouir. Les associations socio-professionnelles  telle l’UFOF que j’ai présidée, avaient pour exigence des cabinets séparés pour les deux activités lorsque les adhérents étaient en début d'exercice. C’était difficile, mais c’était honnête. J'espère qu'il en est toujours de même.

Bref, être un jeune ostéopathe et vouloir vivre de sa passion aujourd’hui est sans doute encore moins facile qu’à l’époque où vous vous êtes « émancipé » même si le cadre juridique était moins favorable.

Croire que 2011/2012 règlera le problème en espérant et en se battant pour que le moins d’écoles possible soient de nouveau agréées est illusoire. Je suis persuadé qu’il ne s’agira dans le meilleur des cas que d’une « valse des agréments » avec la fusion d’écoles ayant perdu l’agrément avec d’autres qui l’auront gardé. Nous aurons alors à faire face à des promotions avec de plus en plus d’étudiants et le problème ne sera pas résolu pour autant.

Attendre que les parents se rendent compte du simulacre, c’est attendre la mort de l’ostéopathie en France.

Je souligne ce passage car la mort de l’ostéopathie en France était à craindre déjà avant 2007 et je vous renvoie à un article que j’ai tardé à éditer dans une petite publication, car je le trouvais trop pessimiste.

 

Un constat s’impose donc : il y a une absolue nécessité d’obtenir un numerus clausus pour les admissions des étudiants en école d’ostéopathie.

Je partage totalement ce point de vue.

Tout directeur d’école qui s’y opposerait ne pourrait que dévoiler au grand jour qu’il est un escroc notoire. Je pense que les fondateurs du SEOPS en sont conscients et en cela, en plus du fait qu’ils ont créé ce syndicat pour défendre leurs étudiants face à certaines ASP d’exclusifs prêtes à tout, je les soutiens.

Pas moi, vous l’avez compris. La question du numerus clausus est primordiale. Mais je crois que cette surpopulation à venir, sans vouloir faire du conspirationisme, fait malheureusement partie d’un véritable plan pour la destruction pure et simple d'une ostéopathie digne de ce nom. Il est en bonne voie pour réussir dans un avenir malheureusement assez proche .

 

La première étape pour obtenir un numerus clausus impose la reconnaissance des ostéopathes sans pré requis comme des professionnels de santé à part entière. Cela peut paraître évident à beaucoup, mais là aussi, j’ai peur que certaines ASP d’exclusifs y soient parfois opposées pour des raisons qui m’échappent.
Alors là, si ce que vous dites est fondé, ces raisons m’échappent totalement aussi. Si vous faites allusion à certain renoncement à cette qualité, je crois qu’il a été exprimé de façon un peu rapide et par dépit plutôt que par réflexion véritable. Car si une profession mérite d’être une profession de santé, c’est bien celle d’ostéopathe.. à condition qu'on lui accorde justement d'être une profession. Cela en est même une profession de foi.

La deuxième étape impose une réflexion commune sur les programmes de formation et donc sur le volume horaire de formation. Vu le « partage » de la pratique de l’ostéopathie en France aujourd’hui, il est évident que cette réflexion doit être menée en commun entre les exclusifs et les MKDE. Je partage totalement votre avis sur les médecins ce qui explique que je les laisse de côté.
Il semble que les médecins  aient quelques craintes quant à la possibilité de conserver leur titre d’ostéopathe. Ce n’est que justice compte tenu du cursus de médecine manuelle qui leur a permis, avec 300 heures, d'obtenir ce titre sans rapport avec l’ostéopathie. Les ostéopathes véritables, ayant à la base une formation médicale sont, on le sait, rarissimes.

 

On pourrait envisager plusieurs possibilités pour accéder aux études d’ostéopathie avec pourquoi pas des passerelles permettant aux étudiants kinés de rejoindre le cursus d’ostéopathie et vice-versa. Bref, je suis persuadé que la réunion des acteurs du POF pourrait permettre la naissance d’un projet commun bien plus riche que mes quelques propositions pour l’avenir de l’ostéopathie et bien évidemment pour la sécurité des patients.

Il y a une difficulté dans votre système de raisonnement. La nécessité d’une profession à part entière que je partage bien évidemment, et la possibilité d’en exercer une seconde. Vous avez plus haut, convenu de l’ambiguïté de cette position. Je vous redis l’impossibilité de concilier en permanence deux façon de penser différentes. Je vous crois honnête,mais de cela, vous ne pourrez convenir, que le jour où vous en aurez fait l’expérience.

 Je m’arrêterai là… vu l’heure tardive.
Je vous remercie de m’avoir lu jusqu’au bout. C’était indispensable.

Merci d'avoir bien voulu lire ce commentaire commenté qui en appellera peut être d'autres, commentaires.

                                                                     AA

 

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